• La section des dockers de l’ILWU (International Longshore and Warehouse Union - local 10) de San Francisco a décidé de bloquer un défilé fasciste organisé dans la ville, samedi 26 août. Ils cesseront le travail et appellent « tous les opprimée-es » à les rejoindre en manifestation. Une motion votée le 17 août dernier donne le sens de cette action de lutte antiraciste.

    C'est à lire. Le texte de la motion a été traduit et publié notamment sur un blog du site de Médiapart qui précise que 60% des dockers de cette région des Etats-Unis sont afro-américains et que dans l’histoire du syndicat ouvrier, la lutte contre l’extrême-droite remonte aux années 30. En voici le contenu intégral.

    « Alors que des fascistes, le Ku-Klux-Klan, des nazis et d’autres suprémacistes blancs se sont rassemblés et ont marché aux flambeaux à Charlottesville, dans une ambiance de lynchage et de terreur, la foule scandant des slogans racistes, anti-immigrés et antisémites ;

    Alors que cette attaque s’est conclue par la mort d’une contre-manifestante antiraciste et en a blessé plusieurs autres lorsque l’un de ces fascistes les percuta en voiture ;

    Alors que le président Trump a cherché à dédouaner cette attaque violente et mortelle, fasciste et raciste, en prétendant que « les deux côtés étaient à blâmer », qu’il a dénoncé les antiracistes s’en prenant aux statues confédérées, des statues qui honorent l’esclavage, jetant ainsi de l’huile sur le feu de la violence raciste ;

    Alors que le Klan, les nazis et d’autres terroristes racistes représentent une menace mortelle pour les Afro-Américain.es, les Latinos et les immigré.es, tout autant que pour les Musulmans, les Juifs, les LGBTQ et bien d’autres encore, mais aussi directementpour les membres de notre syndicat et pour le mouvement syndical dans son ensemble ;

    Alors que le groupe fasciste « Prière patriotique », qui a déjà organisé de violentes provocations racistes à Portland, en Oregon et ailleurs, a annoncé qu’il se réunirait à Crissy Field le samedi 26 août, y conviant des nazis et d’autres groupes suprémacistes blancs violents ;

    Alors que, à des années lumières d’une question de « liberté d’expression », les provocations racistes et fascistes constituent une menace mortelle, comme nous l’avons vu à Portland le 26 mai dernier quand un nazi a assassiné deux hommes et en a presque tué un autre qui tentaient de défendre les deux jeunes femmes afro-américaines qu’il menaçait. Nos sœurs et frères du mouvement ouvrier de Portland ont alors répondu à la terreur raciste avec toute la puissance de la solidarité ouvrière, mobilisant les membres de 14 syndicats contre le rassemblement fasciste et raciste du 4 juin [déjà appelé par le même groupe suprémaciste] ;

    Alors que la section de l’ILWU de San-Francisco a une longue et fière histoire de résistance au racisme, au fascisme et au fanatisme et qu’elle a su mobiliser toute sa puissance syndicale pour ça : ainsi, le 1er mai 2015, rejoints par des milliers de personnes, nous avons fermé les ports de la baie et manifesté jusqu’à Oscar Grant Plaza à Oakland pour exiger la fin de la violence et de la brutalité policière contre les Afro-Américains et toutes les autres victimes de celle-ci. La zone de la baie de San Francisco est un bastion syndical et nous n’autoriserons aucun de ces anti-syndicalistes, aucun de ces suprémacistes blancs, aucune bande de lyncheurs à venir ici répandre la terreur ;

    En conséquence, la section de l’ILWU de San-Francisco, s’inscrivant dans la meilleure tradition de notre syndicat qui combattait déjà l’extrême droite lors de la grande grève de 1934, appelle à cesser le travail ce jour-là et à marcher sur Crissy Field pour empêcher cette tentative d’intimidation raciste et fasciste de se tenir dans notre ville natale. Nous invitons tous les syndicats, toutes les organisations antiracistes et antifascistes à se joindre à nous pour défendre nos organisations, les minorités raciales, les immigré.es, les personnes LGBTQ, les femmes et toutes et tous les opprimé.es. »


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  • Fin 1878, Engels rédige, en son nom et au nom de Marx, une lettre-circulaire adressée aux chefs du parti social-démocrate allemand ; dans la lettre d’accompagnement, Marx caractérise ainsi l’attitude de ses dirigeants :


    « Ils sont atteints de crétinisme parlementaire au point de se figurer qu’ils sont au-dessus de toute critique et de condamner la critique comme un crime de lèse-majesté ! »


    […] La social-démocratie (…) est-elle réellement infectée de la maladie parlementaire et croit-elle que, grâce au suffrage universel, le saint esprit se déverse sur les élus, transformant les séances des fractions en conciles infaillibles et les résolutions des fractions en dogmes inviolables ? […]


    À en croire ces messieurs, le parti social-démocrate ne doit pas être un parti exclusivement ouvrier, mais un parti universel, ouvert à « tous les hommes remplis d’un véritable amour pour l’humanité ». Il le prouvera avant tout en abandonnant les vulgaires passions prolétariennes et en se plaçant sous la direction de bourgeois instruits et philanthropes « pour répandre le bon goût » et « pour apprendre le bon ton » […] Alors viendront s’y joindre de « nombreux partisans appartenant aux sphères des classes instruites et possédantes. Il faut d’abord gagner ceux-ci à notre cause, avant que notre agitation obtienne des résultats tangibles ».

     
    Bref : la classe ouvrière, par elle-même, est incapable de s’affranchir. Elle doit donc passer sous la direction de bourgeois « instruits et aisés » qui seuls « ont l’occasion et le temps » de se familiariser avec les intérêts des ouvriers.


    Quand on écarte la lutte de classe comme un phénomène pénible et « vulgaire », il ne reste plus au socialisme que de se fonder sur le « vrai amour de l’humanité » et les phrases creuses sur la « justice ».


    C’est un phénomène inévitable, inhérent à la marche de l’évolution, que des individus appartenant à la classe dominante viennent se joindre au prolétariat en lutte et lui apportent des éléments constitutifs. Nous l’avons déjà dit dans le Manifeste communiste, mais il a ici deux observations à faire :


    Premièrement : ces individus, pour être utiles au mouvement prolétarien, doivent vraiment lui apporter des éléments constitutifs d’une valeur réelle. Ce n’est pourtant pas le cas de la grande majorité des convertis bourgeois (…)


    Au lieu de quoi, des tentatives pour mettre en harmonie les idées socialistes superficiellement assimilées avec les opinions théoriques les plus diverses que ces messieurs ont ramenées de l’université ou d’ailleurs (…)


    Deuxièmement : lorsque ces individus venant d’autres classes se joignent au mouvement prolétarien, la première chose à exiger est qu’il n’y fassent pas entrer les résidus de leurs préjugés bourgeois, petits-bourgeois, etc., mais qu’ils fassent leurs, sans réserve, les conceptions prolétariennes […]


    Quant à nous, d’après tout notre passé, une seule voie nous reste ouverte. Nous avons, depuis presque quarante ans, signalé la lutte de classe comme le moteur de l’histoire le plus décisif et nous avons notamment désigné la lutte sociale entre la bourgeoisie et le prolétariat comme le grand levier de la révolution sociale moderne. Nous ne pouvons donc, en aucune manière, nous associer à des gens qui voudraient retrancher du mouvement cette lutte de classe. Nous avons formulé, lors de la création de l’Internationale, la devise de notre combat : l’émancipation de la classe ouvrière sera l’œuvre de la classe ouvrière elle-même. Nous ne pouvons, par conséquent, faire route commune avec des gens qui déclarent ouvertement que les ouvriers sont trop incultes pour se libérer eux-mêmes, et qu’ils doivent être libérés par en haut, c’est-à-dire par des grands et petits bourgeois philanthropes […]

     

    ENGELS


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