• https://www.youtube.com/watch?v=DsI0XzjoHsE

     

     


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  • « Chaque salarié licencié partira avec une base de 46.500 euros d'indemnités, plus 2.500 euros par année d'ancienneté soit 106.000 euros en moyenne par salarié. Sur les 863 salariés, 100 vont partir en pré-retraite. Les autres vont pouvoir bénéficier d'une formation de 24 mois. »

    Et l’avocat de l’intersyndicale ajoutant un « propos » méprisant en déclarant « sans avoir brulé un seul pneu » … il a voulu dire « sans lutte » … les sacrifiés ont quasiment tous accepté, avec une fatalité déconcertante, cette fermeture programmée depuis au minimum 10 ans… compromettant leur propre avenir et celui de leur famille, oubliant les énormes dégâts collatéraux pour des milliers de personnes dans ce bassin minier ouest où l’emploi a disparu après des décennies de prospérité. 

    Voilà comment les médias et des véreux relayent l’accord signé entre la direction de la multinationale Bridgestone et l’intersyndicale. Ils omettent de dire que les 100 millions d’euros dédiés au plan de fermeture complète de l’usine, représentent une broutille pour cette multinationale : 2.4% des bénéfices nets après impôts engrangés par Bridgestone en 2019. Ils oublient aussi de dire que 50% des sommes seront soumis à l’impôt sur le revenu.

    Voilà l’épilogue d’une mort annoncée… le cancer capitaliste a encore fait des victimes qui produiront d’autres victimes, leurs enfants… Mais un espoir demeure, maigre certes, les recours déposés devant les tribunaux par Fiedor Rilov et les « affranchis » qui ont osés défier l’intersyndicale honteuse et malveillante malgré les sommes…. A suivre !


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  • Rappelons que dés 1933, dés la prise du pouvoir par les nazis, la Gestapo a eu accès aux fichages: politique, syndical et religieux de 40 000 000 d'allemands

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    Des fichiers vont désormais collecter les « opinions politiques » affichées sur les réseaux sociaux

    En plein mouvement contre la loi sécurité globale, des décrets viennent d’étendre le champ de collecte de fichiers de police aux opinions politiques, convictions philosophiques, à l’appartenance syndicale et à des données de santé.

    Le 4 décembre, le ministère de l’Intérieur a publié trois décrets élargissant le champ des fichiers dits GIPASP, pour « Gestion de l’information et de la prévention des atteintes à la sécurité publique », et PASP, pour « Prévention des atteintes à la sécurité publique » [1]. Ces deux bases de données ont été créées en 2008 dans le cadre de la réforme des services de renseignement, à la suite de l’abandon du projet du fichier Edvige après les critiques des associations de défense des droits humains. Celles-ci s’inquiétaient du type de données sensibles que le fichier Edvige prévoyait de collecter (santé, sexualité, données des mineurs dès 13 ans...).

    Les GIPASP et PASP sont gérés respectivement par la gendarmerie et la police nationale. Ils contiennent des informations sur des personnes dont l’activité individuelle ou collective indiquerait « qu’elles peuvent porter atteinte à la sécurité publique et notamment les informations qui concernent les personnes susceptibles d’être impliquées dans des actions de violences collectives, en particulier en milieu urbain ou à l’occasion de manifestations sportives ». Il y a quelques jours, le gouvernement a étendu largement le panel des données personnelles pouvant faire l’objet d’une collecte par ces fichiers, et auxquelles les fonctionnaires de police et les gendarmes peuvent avoir accès.

    Déjà, les deux décrets élargissent les cibles possibles de la collecte : ce ne sont plus seulement les personnes qui sont visées mais aussi les personnes morales – donc potentiellement des associations – « ainsi que des groupements »... Pire, alors que ces fichiers visaient jusque ici des données sur les activités des personnes (des faits), les décrets étendent la collecte aux « opinions politiques », « convictions philosophiques, religieuses ou une appartenance syndicale ».

    « Le gouvernement s’engage sur la voie du délit d’opinion »

    Les décrets élargissent aussi le ramassage de données aux identifiants utilisés sur internet, dont les pseudonymes (mais pas les mots de passe), et à l’activité sur les réseaux sociaux. Le ministère a « précisé que les informations collectées porteront principalement sur les commentaires postés sur les réseaux sociaux et les photos ou illustrations mises en ligne », explique la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) dans son avis sur les décrets. La Commission ne dit mot sur l’extension de la collecte aux opinions. Mais elle a réagi sur la collecte « des données de santé révélant une dangerosité particulière » en soulignant que « que la mention de ces informations revêt un caractère sensible ».

    Que signifient « des données de santé révélant une dangerosité particulière » ?

    Sont visés ici avant tout les antécédents psychiatriques et psychologiques. Déjà en 2018 et 2019, le gouvernement avait placé les personnes avec des antécédents psychiatriques sous un soupçon généralisé en décidant de créer un fichier des passages en hospitalisation psychiatriques sous contrainte (Hopsyweb), puis en décidant de le recouper avec celui des « fichés S » (« fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste », FSPRT).

    Ces décrets de « fichage » arrivent en même temps que celui décidant la dissolution du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF). Cette dissolution signale que « le gouvernement s’engage sur la voie du délit d’opinion », écrit la Ligue des droits de l’homme. Ces décrets sont aussi décidés en plein débat autour de la « loi Sécurité globale » qui étend les possibilités de surveillance notamment via des drones, et juste avant la présentation du projet de loi « séparatisme », prévue pour le 9 décembre en Conseil des ministres. Autant de textes qui étendent le champ de la surveillance et du soupçon vis-à-vis de la population.

    Rachel Knaebel

     

    https://www.bastamag.net/fichage-opinion-politique-conviction-philosophique-appartenance-syndicale-decrets

     


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  • Plans de licenciements, le grand capital, ses fonds de pensions et d’investissements, ses multinationales… rejouent Walkyrie… le fascisme est à notre porte, et Joseph Staline n’est plus là !

    Danone, Total, Sanofi, Bridgestone, Hutchinson, ThyssenKrupp, Cargill, Auchan, Airbus, Renault, Air France, Elior, Nokia, Tui, Valéo, Alinéa, Booking, Latécoère, Daher, AAA, Général Electrique, Sandvik, Boiron,  Malhe-Behr, Agfa, Ascoval, Famar, Banques, Assurances, Mutuelles … : près de 1000 entreprises qui restructurent ou ferment, des milliers de suppressions d’emplois sont annoncés pour les prochains mois, des centaines de milliers de travailleurs sacrifiés sur l’autel du profit boursier des multinationales, plus d’un million de chômeurs qui s’ajouteront aux 6 millions… une extrême pauvreté et une précarité qui explosent.  

    Et ce million est exponentiel puisque chaque jour une nouvelle mauvaise nouvelle est annoncée, mais moins bien traitée que « la mort des pourris ». Les milliers de licenciements ne sont plus des scoops mais ils sont relégués à la rubrique des « chiens écrasés » …

    Les multinationales suppriment des centaines de milliers d’emplois pour rassurer leurs actionnaires et soutenir leur valorisation boursière. Après avoir versé des dizaines de milliards, ces plans sont annoncés pour maintenir à flot les places financières. Et dans chaque communiqué de ces groupes monopolistes transnationaux, deux mots résonnent, Covid 19… et… rentabilité.  

    Nous sommes entrés dans l’ère de corona-menteurs et des corona-profiteurs qui utilisent des slogans pompeux en manipulant les émotions liées à la crainte de cette pandémie dont les origines réelles sont cachées : « « Protéger et améliorer la santé » - « préserver la planète » - « construire le futur »… Ils doivent se dire entre eux : « combien va nous rapporter le sauvetage de la planète ? » mais aussi « quelle aubaine ce corona ! »

    « La vie, la santé, l'amour sont précaires, pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ? » nous expliquait l’ancienne patronne des patrons, Laurence Parisot en août 2005… il y a 15 ans !

    La crise qui arrive est anticipée par la sphère fermée du grand capital, mais elle sera plus violente que celle des Subprimes qui a secoué la planète finance entre 2007 et 2011. L’emploi de millions de travailleurs est menacé pour protéger la rentabilité financière à 2 chiffres et les multinationales.

    Dans le tome 3 du Capital, Karl Marx écrivait : « Le capital abhorre l’absence de profit ou un profit minime, comme la nature a horreur du vide. Que le profit soit convenable, et le capital devient dangereux : 10% d’assurés, et on peut l’employer partout ; 20%, il s’échauffe ; 50%, il est d’une témérité folle ; à 100%, il foule aux pieds toutes les lois humaines ; à 300%, et il n’est pas de crime qu’il n’ose commettre, même au risque de la potence. Quand le désordre et la discorde portent profit, il les encourage tous deux ; pour preuve la contrebande et la traite des nègres »

    Aussi croire que la Loi dites de « sécurité globale » est initiée pour nous protéger, est une grave erreur d’analyse. Ainsi, les réformes du Code du Travail, des droits au chômage, de la formation, de la retraite, des statuts… couplées aux millions de licenciements attendus et en cours, sont beaucoup plus violentes que les manifestations contre cette loi scélérate.

    Pendant que les médias bourgeois nous montrent ces images de vitrines cassées, de voitures incendiées, de policiers violentées… ils ne disent grands mots sur les conséquences des plans de destruction massive des emplois, avec un objectif très précis, étouffer la réalité de la lutte des classes et de la violence qui va surgir dans les prochains mois.

    Cette loi Darmanin est faite pour protéger le capital de ses propres contradictions qui le mènera assurément à sa perte. Mais quand le capital se sent menacé et dépassé, il sort sont bras armé, son arme ultime, le fascisme.

    Et la seule arme capable de lutter contre la bête immonde, c’est un parti communiste ferme sur ses valeurs marxistes léniniste, fort de l’histoire révolutionnaire, de l’histoire de la Résistance, de l’histoire bolchévique, de l’histoire de la lutte des classes.


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  • 25 heures devant CNews : entre misère journalistique et continuelle propagande d’extrême droite

    PAR CQFD

    30 NOVEMBRE 2020

     

    CQFD s’est confronté le temps d’une journée aux programmes de la chaîne d’information la plus réactionnaire de France. Un long chemin de croix qu’ils vous racontent.

     

    Ce lundi soir, il règne une étrange ambiance dans le local de CQFD. Un écran est posé sur la table de la cuisine. Depuis le vieux canapé de cuir et quelques chaises pliantes, nous sommes six à le regarder, non sans appréhension. Car le spectacle va commencer. Au programme : 25 heures devant CNews, chaîne d’info privée ultra-réactionnaire bénéficiant d’une fréquence publique, aux courbes d’audience grandissantes. L’idée : disséquer le quotidien des programmes de cette succursale de Canal +, au-delà des courtes vidéos qui relayent les plus odieuses saillies verbales de ses éditorialistes sur les réseaux sociaux.

     

    Anciennement nommée I-Télé, CNews s’est faite porte-voix, entre autres joyeusetés, du racisme le plus décomplexé. Éric Zemmour y officie ainsi quatre fois par semaine dans l’émission Face à l’info présentée par Christine Kelly. C’est dans ce cadre qu’il a éructé cette considération sur les mineurs étrangers isolés, le 29 septembre dernier : « Ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs. C’est tout ce qu’ils sont ». Un dérapage ? Non, une tradition chez cet admirateur du général Bugeaud [1], qui le 31 août dernier balançait au sujet d’agressions estivales : « On sait que les victimes s’appellent Mélanie et les assassins Youssef. »

     

    Embauché en 2019 par l’homme d’affaires Vincent Bolloré, propriétaire de Canal +, le polémiste d’extrême droite est le fer de lance de la stratégie « à droite toute » de la chaîne. Mais il est loin d’être le seul à clapoter dans des eaux politiques troubles, que ce soit parmi les invités ou les intervenants réguliers de la chaîne. Exemple entre cent, la patronne du très réac mensuel Causeur et chroniqueuse régulière de la chaîne, Élizabeth Lévy, allumée sauce pinard-saucisson s’illustrant régulièrement par son fiel envers les immigrés, les féministes et les tenants d’une société progressiste.

     

    Après le meurtre de l’enseignant Samuel Paty le 16 octobre, la vague raciste a encore enflé sur la chaîne, implosant littéralement. De la députée européenne Nadine Morano déplorant la présence de femmes voilées dans sa circonscription à l’éditorialiste Guillaume Bigot appelant à la déportation des islamistes aux îles Kerguelen en passant par Élizabeth Lévy lâchant « Nous sommes ligotés par notre droit-de-l’hommisme », la logorrhée collective [2] n’avait qu’un objectif : taper sur les musulmans et ceux qui défendent leurs droits.

     

    « L’objectif : observer la bête en direct afin de comprendre ce qui se joue dans cet espace médiatique et les dispositifs qu’il mobilise. »

     

    Loin de causer du tort à la chaîne, cette stratégie éditoriale semble au contraire porter ses fruits : les taux d’audience ne cessent de grimper. Cet été, CNews a dépassé LCI pour devenir la deuxième chaîne d’information française derrière BFM TV, caracolant régulièrement au-dessus de la barre des 500 000 téléspectateurs. Surtout, elle semble avoir une influence de plus en plus marquée sur le jeu politico-médiatique français, nivelant les débats par le bas, vers cette zone obsédée par un dit « ensauvagement » de la société – quand Darmanin décrit son rejet des rayons de nourriture « communautaire » dans les supermarchés, on se jurerait au beau milieu d’un débat sur CNews.

     

    Voilà pourquoi on s’est retrouvés le lundi 26 octobre à 19 h dans l’antre de CQFD pour un marathon télévisuel éprouvant. L’objectif : observer la bête en direct afin de comprendre ce qui se joue dans cet espace médiatique et les dispositifs qu’il mobilise. Conséquence de quoi : on s’est relayés pour ne rien rater, du début du Zemmour du lundi soir à la fin du Zemmour du mardi soir, pour un total de vingt-cinq (longues) heures, deux jours avant l’annonce du reconfinement, trois jours avant l’attentat de Nice. On vous en livre ici les moments marquants.

     

    Lundi, 19 h – Musique oppressante, générique cheap, plateau moche et fonctionnel, on y est : Face à l’info commence, avec la falote présentatrice Christine Kelly aux commandes. Comme dans l’immense majorité des émissions de la chaîne, les débatteurs sont essentiellement de vieux mecs blancs, tandis que la présentatrice est cantonnée à un improbable rôle de complice mi-potiche mi-instit’. Outre Zemmour, il y a là trois spécimens : Régis Le Sommier, rédacteur adjoint de Paris Match qu’on entendra peu puisqu’il semble un peu moins frappadingue que les autres ; Harold Hyman, journaliste franco-américain farfelu à opinions et bretelles dérangeantes ; et Marc Menant, invraisemblable type à tête de vampire jauni issu du journalisme sportif. On comprend vite que ceux-ci ne serviront qu’à une chose : passer les plats à la star de la chaîne. Le sommaire évacué, le voilà ainsi invité à délivrer son premier « édito », consacré à la politique française dans le monde arabe, le président turc Erdogan ayant récemment traité Macron de malade mental. L’exercice dure une grosse vingtaine de minutes et se révèle particulièrement opaque. « La France est ciblée parce qu’elle est faible », regrette Zemmour, avant d’expliquer que la Chine, elle, a la chance de pouvoir massacrer les Ouïghours sans que personne ne moufte. Puis il s’embarque dans une valse de digressions loufoques, mêlant un Charles de Gaulle inspiré par le royaliste Charles Maurras aux écrits « extraordinaires » du collaborationniste Jacques-Benoist Méchin. Soudain apparaît Saint Louis. Puis le Quai d’Orsay en prend pour son grade : « On est passés des barbouzes du SAC et de Foccart à des juristes féministes ! » L’ensemble est complètement incompréhensible, et au local comme sur le plateau, la question première semble être : de quoi parle-t-il ?

     

    19 h 21 – Ils chahutent, ils s’amusent, ils minaudent – « Calmez-vous, les garçons », rigole Kelly. Cravate violette, veste grise, Zemmour appelle à imiter la Russie de Poutine et à « jouer des divisions du monde arabe ». Puis il réenfourche son cheval de bataille, extirpant de son discours confus la phrase qui pourra ensuite être reprise en boucle par médias et réseaux sociaux : « Il faut que l’immigration musulmane cesse d’être un poids sur nos épaules ». Suivent quelques vagues considérations sur les « traditions chrétiennes » bafouées, puis les minauderies reprennent. Ce marathon va être long.

     

    19 h 48 – Le loufoque Marc Menant, rebaptisé Vampirello par nos soins tant son sourire est flippant, a droit à son numéro. Lyrique, il consacre une chronique à Gilles de Rais, camarade de baston de Jeanne d’Arc et serial killer médiéval. On ne comprend pas grand-chose, à part que papy est très excité et que la foule pleurait le jour de l’exécution du criminel. C’est un peu gênant.

     

    20 h 10 – Christine Kelly l’avait promis en début d’émission : « On va prendre de la hauteur. » Verdict à l’heure du générique de fin : c’est pas gagné. À la pauvreté incroyable des interventions, notamment sur l’élection américaine, s’est accolée la misère d’un dispositif ramené au degré zéro de l’entertainment : de vieux gars radotant de façon monocorde sur un plateau. Seule consolation : l’émission n’est ni précédée ni suivie ni interrompue par des publicités, les annonceurs ne se bousculant pas pour y être associés [3]. Cheh.

     

    Aucun expert ou presque. « Le reste est meublé par des considérations de café du commerce sur le coronavirus et de propos acerbes sur le monde musulman. »

     

    20 h 32 – « Mais qui sont ces gens ? », se demande-t-on. Et pourquoi les faire parler eux ? À quel titre ? L’Heure des Pros 2 a commencé depuis vingt minutes et l’émission tourne déjà au bordel en bande désorganisée. Ici aussi, ça débute avec quatre vieux mecs blancs et une femme. Et là encore, leurs considérations n’apportent rien. Choquantes ou pas, elles restent toujours au ras des pâquerettes. Ancien journaliste sportif, l’animateur star Pascal Praud, cheveux blancs et petites lunettes bleues, n’est expert de rien, mais ça ne l’empêche pas de déblatérer sur n’importe quel sujet, à tel point qu’il anime deux émissions sur CNews, une le matin l’autre le soir. Il y a aussi l’incroyablement bileux Ivan Rioufol, du Figaro, sorte de sous-Louis-Ferdinand Céline momifié, obsédé par l’immigration et le « choc des civilisations ». Et une certaine Sophie Obadia, dont on apprend qu’elle est avocate, point barre. Mais des experts ? Aucun, hormis dans ces images reprises à RTL sur lesquelles on entend le président du conseil scientifique Jean-Paul Delfraissy évoquer la situation sanitaire. Le reste est meublé par des considérations de café du commerce sur le coronavirus et de propos acerbes sur le monde musulman.

     

    Dans son émission du lendemain matin, l’ancien journaliste sportif Pascal Praud s’emportera contre les politiques en temps covidés : « Quelles sont leurs compétences ? Ils donnent l’impression que chacun de nous pourrait les remplacer. » L’œil, la paille, la poutre, une vieille histoire…

     

    21 h 47 – On profite de l’émission d’Yves Calvi, L’info du vrai, « empruntée » à la grille de Canal + et donc peu représentative de l’esprit CNews, pour discuter des ficelles de ce qu’on a vu jusqu’ici. Et le constat est accablant : il n’y a aucune forme de journalisme, aucune interview de terrain, simplement de lourdingues débats d’opinion qui s’éternisent. Et qui ne se distinguent que par un point : invités et chroniqueurs sont à la fois dénués de toute compétence spécifique et terriblement réacs. Bonus : ils rient beaucoup, grassement, dans une atmosphère de connivence dégoulinante, matraquant encore et encore leur insignifiance analytique.

     

    L’association de critique des médias Acrimed a parfaitement résumé les effets pervers du dispositif : « C’est sur ce type de journalisme-comptoir caractéristique des talk-shows que prospèrent tous les “fast-thinkers”, et plus encore les chroniqueurs d’extrême droite. Commenter des faits divers, invectiver, idéologiser des ressentis, politiser la peur, butiner les sondages : leurs positions et leurs propos sur l’islam, la sécurité, l’immigration ou l’autorité trouvent dans les médiocres dispositifs un moule à leur mesure. [...] Affranchis des faits comme de toute règle scientifique, les commentateurs sont portés par le commentaire ambiant et par les récits médiatiques dominants, en vogue depuis des décennies : “On vient vers vous, on vous demande : ‘La France est-elle en déclin ?’ Vous dites oui ou non ? Et vous Gérard, oui ou non ?” (Pascal Praud, 16 sept.) Du pain béni pour le “oui”des réactionnaires. » [4]

     

    Aucune forme de journalisme, aucune interview de terrain, simplement de lourdingues débats d’opinion qui s’éternisent

     

    22 h 09 – Castaner a le Covid, nous apprend un bandeau au bas de l’écran. Conséquence de quoi : on trinque. Pendant ce temps, Calvi et ses invités parlent intersectionnalités, islamo-gauchisme, ravages des cultural studies… Là aussi, ça frôle les abysses conservateurs sauf que les moyens sont là, patte Canal + aidant : il y a des reportages aux États-Unis, des images à commenter, des pensées un peu plus diverses et développées. Déprimant, mais un peu plus élaboré.

     

    22 h 35 – Joie, pour Soir Info, le présentateur Julien Pasquet, ex-journaliste sportif (encore un !) rentré dans l’histoire du journalisme en août dernier grâce à son splendide « Mais on s’en fiche des chiffres ! » lors d’un débat sur l’« ensauvagement » de la France, a invité Florian Philipot, ex du FN, roulant désormais pour son propre parti, les Patriotes. Et c’est très représentatif de ce qu’on observera lors de ces 25 heures : les invités sont très souvent d’extrême droite, qu’il s’agisse du RN ou de Debout la France. Sinon, un bon contingent LR et LREM, ainsi que quelques PS et LFI disséminés ici et là. Niveaux « journalistes », c’est encore pire, avec surreprésentation de réacs azimutés, comme Eugénie Bastié grande progressiste au Figaro. Les autres invités affichent souvent des profils un peu étranges, à l’image de Kevin Bossuet, prof dans le 93 et scribouillard à Valeurs actuelles, qui ce soir se lance vite dans d’inquiétantes envolées : « Quand on a l’amour de la France chevillé au corps », s’enflamme-t-il causant République, avant qu’une urgentiste explique par Skype qu’elle voudrait que « Mbappé et Neymar s’investissent contre le Covid ». Il y a du niveau. Quand Kevin explique qu’il a vu des gens postillonner en terrasse des cafés, on répond en postillonnant sur l’écran – tel est notre désespoir.

     

    23 h 30 – Philippot porte la même cravate violette que Zemmour plus tôt. Et il tient le même discours : « Il faut jouer sur les divisions du monde musulman. » Oh Lord...

     

    23 h 52 – « Mais ils vont la passer combien de fois la pub lyrique sur les saumons norvégiens ? », s’étonne l’un d’entre nous. Réponse : beaucoup. Un point positif, vu que c’est à peu près le seul moment où on ne voudrait pas se crever les yeux au fer rouge tant ce qu’on voit est affligeant.

     

    Mardi, 1 h 23 – Rediffusion de Vive les livres – François-Marie Banier, photographe et ex-gigolo de luxe de l’héritière Bettencourt, parle de ses bouquins. Fait notable : il dit sa fascination pour la Gay Pride, puis des choses belles et humaines sur les migrants afghans. Est-on bien sur CNews ?

     

    1 h 54 – Dans Reportage, il y a un sujet sur le nouvel album de Cabrel. Un peu d’air dans cet océan anxiogène ? Même pas : « Dans son nouvel album, nous dit le journaliste, Francis Cabrel parle de beaucoup de choses qui l’ont touché, à commencer par la violence de la société, les jeunes filles voilées et les tueurs armés comme à la guerre [...]. » Interview de l’artiste : « Le monde est inquiétant. À chaque coin de rue, [vous pouvez tomber sur] quelqu’un de détraqué. » Je déprimais, je déprime et je déprimerai.

     

    2 h 28 – Quatrième diffusion de L’Édition de la nuit : un journal télévisé sans interview et sans reportage digne de ce nom – seulement un commentaire issu de dépêches d’agences lu par un journaliste sur des images d’archives. Ça devient rude. Il n’y a plus qu’un seul d’entre nous, phare dans la nuit. Meskine, il s’enverra encore six rediffusions avant l’aube.

     

    « Les mêmes têtes reviennent d’émission en émission »

     

    5 h 55 – Début de la matinale. Et l’occasion de se rendre compte que les mêmes têtes reviennent d’émission en émission. Ainsi des deux invités fils rouges : Daniel Scimeca, médecin généraliste, et Patrick Karam, vice-président du Conseil régional d’Île-de-France (son appartenance LR n’est même pas précisée...). Ils étaient déjà là hier, ces bougres.

     

    06 h 09 – Sur le plateau, ça fait quelques minutes qu’on débat des mesures à prendre contre le corona. Patrick Karam fait une suggestion intelligente : offrir des masques aux salariés pauvres qui, par souci d’économie, portent les leurs un peu trop longtemps. C’est alors que le présentateur demande :

    – « Daniel Scimeca, pourquoi est-ce qu’on a l’impression que la Chine s’en sort mieux que la France et le reste de l’Europe ?

    – Écoutez. La Chine, d’abord, a un fonctionnement très autoritaire. Moi j’aime pas dire que la Chine n’est pas démocratique, c’est un type de démocratie qui n’est pas dans notre logiciel à nous mais en tout cas c’est sûr que les libertés individuelles, c’est une notion totalement différente d’ici et je pense que cela [et des] stratégies de reconfinement local [expliquent cette] réussite. » Fatigue.

     

    7 h 12 – Ancien conseiller de Macron, Gaspard Gantzer, accusé par un invité d’être représentatif de l’esprit Ena de LREM, se défend de toute méconnaissance médicale : « J’ai des médecins dans ma famille ! »

     

    7 h 30 – Le bandeau annonçant l’entretien de 8 h 15 avec Jordan Bardella clignote désormais toutes les deux minutes.

     

    8 h 15 – Roulement de tambour : Bardella, vice-président du RN, est interviewé par Laurence Ferrari. Celle-là même qui confiait, il y a quelques années, au journal Elle : « À travers mes émissions, j’essaie de donner des clés aux électeurs pour qu’ils votent pour un projet, et non pas contre. » Ce matin, elle s’acquitte avec brio de cette mission en servant sur un plateau une soupe maison de questions labellisées RN à un Bardella sérieux comme un futur ministre de l’Intérieur. « Ils n’ont rien préparé, ni anticipé », assène-t-il, causant des macronistes et du Covid. « Nous sommes tous des cibles », ajoute-t-il, parlant terrorisme, « cinquième colonne » et « intelligence avec l’ennemi ». Sur le plateau, personne ne lui porte la contradiction : pour dérouler ses arguments néofascistes, ce n’est pas une ruelle qu’on laisse à Bardella, ce sont les Champs-Élysées. Boycott des produits français par des pays musulmans, Turquie, risque terroriste, fermeture des mosquées radicales… Bardella est plus qu’à son aise : triomphant. Et avant de partir, il place la petite phrase qui finira en bandeau : « La France doit devenir invivable pour ceux qui la déteste. »

     

    « Pour dérouler ses arguments néofascistes, ce n’est pas une ruelle qu’on laisse à Bardella, ce sont les Champs-Élysées »

     

    9 h 00 – Retour de Pascal Praud et de ses autoproclamés « snipers ». Il y a le pote à Zemmour Éric Naulleau, Laurent Joffrin l’ex de Libé et Charlotte d’Ornellas de Valeurs actuelles. Praud blague : « Y a que des gens de gauche sur ce plateau. » Ah ah. L’heure est au Covid et le show café du commerce continue, à base de « les gens, ils... » (compléter d’un propos réac).

     

    10 h 52 – Depuis une petite demi-heure, un autre poète est aux manettes : Jean-Marc Morandini. Chemise blanche, smoking blanc, sourire crispant, le roi de la télé-poubelle continue dans la voie de ses camarades. Pour les « reportages », lui aussi a recours aux images de ses confrères de TF1 ou M6. C’est le cas quasiment tout le temps sur CNews, avec omniprésence de la mention « images d’illustration ». Pour le reste, ça cause en plateau, toujours sans grand intérêt. Une rhumatologue éveille notre attention : selon elle, il faudrait mettre le couvre-feu en semaine à 18 h, parce que sinon les gens auront la tentation de profiter d’une heure de détente post-boulot avant de rentrer chez eux. Le lendemain soir, Macron annoncera le reconfinement.

     

    11 h 52 – Morandini est surexcité : il réunit sur un même plateau l’ex-patron du Raid et celui du GIGN. La gloire. Comme de juste, l’institution policière se voit gratifiée de vigoureux coups de brosse à reluire.

     

    13 h 48 – Valse des journaux qui s’enchaînent. À Midi News, il y avait Franck Allisio, vice-président du groupe RN à la région Paca. Et puis de longues discussions nauséeuses sur les mosquées après la fermeture de celle de Pantin. Au final, Allisio n’est pas pire que les autres. Et c’est bien l’enseignement de ces débats sur le terrorisme ou le confinement : il n’est quasiment plus possible de différencier la parole d’un élu RN de celle d’une encartée à LREM ou d’un conseiller municipal PS : tous tiennent un discours semblable. À la seule différence que celles et ceux du RN plastronnent : « On vous l’avait bien dit. »

     

    14 h 32 – C’est La belle équipe, présentée par une certaine Clélie Mathias. Vampirello est de retour. Ainsi que trois autres vieux mecs blancs à têtes de morts. Se confirment encore les choix plateaux de CNews : une meuf pour faire genre et quatre gugusses qui débattent. Le taux de conneries rancies à la seconde est affolant, avec Vampirello qui se lâche sur les « pleurnicheries » des musulmans dénonçant le racisme, lâchant notamment : « Mais qu’elle enlève son foulard ! » Parfois un autre invité se réveille, fait mine de s’offusquer, puis ça repart dans l’invective et le racisme. Ce n’est plus une chaîne, c’est un égout.

     

    Des débats basés sur le matraquage et les propos de comptoir, tendant « tous vers le pire avec une constance terrifiante »

     

    16 h 32 – On se rend compte que l’exercice tourne en rond, tant les dispositifs sont les mêmes pour chaque émission. Certaines sont certes moins pires que d’autres, à l’image de L’Heure des choix à 16 h, avec parfois des débats plus contradictoires, quelques invités valables voire intéressants – mention spéciale à Me Vincent Brengarth, avocat de la mosquée de Pantin tentant de rappeler les bases de l’État de droit – mais sinon tout est interchangeable. On reconnaît d’ailleurs des habitués, qui passent d’une émission à une autre, comme l’ancien boss de l’OM Jean-Claude Dassier, qui aligne beauferie sur beauferie, ou notre favori Vampirello, invraisemblable baratineur de l’enfer réac.

     

    Mal ficelés, composés pour ne rien coûter, basés sur le matraquage et les propos de comptoir, les débats tendent tous vers le pire avec une constance terrifiante. On pense à l’ami Nico de Libertalia qui a récemment envoyé bouler Jean-Pierre Elkabbach qui lui demandait s’il y avait possibilité de débattre sur CNews avec l’auteur d’un livre publié par sa maison d’édition. « Nous on a une éthique », aurait-il balancé au vieux tromblon qui lui demandait pourquoi il refusait le débat. Y aller, c’est forcément s’abaisser.

     

    17 h 27 – Notre coup de cœur musico-publicitaire : le slogan chanté « Vendezvotrevoiture.fr », que notre graphiste entonne sans trembler. Le saumon norvégien reste cependant le top en la matière, suscitant des cris de joie à chaque apparition. Oui, la folie nous guette.

     

    18 h 32 – Ça fait une heure et demie que Laurence Ferrari, qui était déjà là à 8 h 15, anime son émission Punchline. Et depuis 23 heures et 28 minutes, on n’a toujours pas entendu un seul mot sur la Pologne, où une grève générale est prévue le lendemain contre une réforme interdisant l’IVG presque totalement. Rien non plus sur le tout récent référendum chilien ayant pourtant permis d’en finir avec la Constitution héritée de l’ère Pinochet.

     

    19 h 21 – L’ordi sur lequel on regarde l’émission en streaming commence à nous lâcher. Lui aussi n’en peut plus. Du coup on scrute l’émission de Zemmour au ralenti. Coup de théâtre : il consacre un édito au Chili ! Mais la vérité tombe vite : c’est pour vilipender les « capacités exceptionnelles de manipulation de la gauche ». Ensuite il tape sur les féministes – « Elles ont 150 ans de retard ces pauvres filles. » C’est un chouïa moins confus qu’hier mais toujours complètement orienté et décousu. Zemmour se lâche, rigole, fait le paon. Et nous : on frise la démence.

     

    20 h et des poussières – Praud lance L’Heure des pros 2. « Le moment est sombre », commence-t-il. Tu l’as dit bouffi. On éteint. On se regarde. Et on se le jure : plus jamais ça.

     

    Émilien Bernard


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