• "Ceux ce Béthune"

     

    DEBOUT ! « Ceux de Béthune ! »

     

     

    « Il est 9 heures, sur la route qui mène du centre-ville à l’usine Bridgestone, des groupes, sous leur parapluie, se dirigent vers le point de rendez-vous. Le départ est prévu à 9 h 30, de l’avenue Washington. Déjà là, le calme est saisissant. « On espère qu’il y aura beaucoup de monde », confie Julien, un salarié de l’usine …. Et le monde arrive. Des familles, des retraités, des salariés… Tous masqués. Mais aucun coup d’éclat, pas de pancartes artisanales, peu de logos syndicaux. Les seuls signes distinctifs qui frappent, ce sont les écharpes tricolores, nombreuses… Un silence déstabilisant pour certains, « pesant » même. « On dirait une marche funèbre », entend-on dans les rangs. « Elle est où la lutte ? », se questionne une autre voix, mais le mot « résignation » est souvent répété »

     

    Voilà quelques lignes extraites de l’article de la gazette locale. Voilà ce qui a caractérisé une marche pour sauver des milliers d’emplois menacés par la décision d’une des plus grandes multinationales du monde : une marche à l’initiative du Maire de Béthune et de l’intersyndicale, une marche silencieuse voire même lugubre, il ne manquait que le cercueil.

     

    Où est l’esprit de lutte de certains des membres de l’intersyndicale, qui, il a quelques années, se rendaient à Amiens pour être au côté des Goodyear ? N’ont-ils rien appris, n’ont-ils rien retenu ? A moins qu’ils se contentent de faire le beau devant les caméras et objectifs des médias en recherche de gueules et de scoops pour alimenter les craintes. A moins, qu’ils fassent entièrement confiance aux élus politiques, bien présents à quelques mois des élections territoriales, pour sauver l’usine et les emplois. A moins que les propos du 1er Ministre, et des Ministres du Travail et de l’Industrie… les aient rassurés.

     

     

    Cette marche silencieuse, austère pour ne pas dire macabre, était vraiment déprimante, la direction de Bridgestone devait bien rire et se féliciter d’avoir réussi à imposer un accord de non-agression. 1500 personnes présentes, des familles entières serrées, parfois en larmes… pour marcher dans une ville morte vouée à être sacrifiée comme l’ont été d’autres villes ouvrières du Pas-de-Calais. Une nouvelle fermeture ouvrant un peu plus les portes à l’extrême-droite dont on sait qu’elle fait de la misère son meilleur terreau.  

     

    Le 2 février 1997, une mobilisation de la colère rassemble 70 000 personnes furieuses et déterminées à Clabecq en Belgique pour sauver une usine sidérurgique « les Forges de Clabecq » et ses 1800 emplois. La « marche multicolore pour l’emploi » mobilise la Belgique en une force de combat unitaire pour l’emploi.

     

    La lutte de « Ceux de Clabecq » aura un retentissement international et fera trembler le gouvernement et le capital ; l’usine ne fermera pas à la date prévue (mais elle sera liquidée en 2008) Ceux qui étaient présents en février 97 doivent se rappeler de ces mots forts à la tribune lors du meeting, les mots (pas complaisants) d’un des délégués emblématiques de cette lutte, Sylvio Mara (FGTB): « L’enjeu est clair : il nous faut reprendre les moyens de production. La richesse est à nous, ce sont nous, les travailleurs, qui la produisons. Mais une fois que c’est dit, il faut mettre ça en pratique… le capitalisme vole la force de travail des ouvriers. Voilà pourquoi une entreprise productive perd de l’argent si ses actionnaires veulent sans cesse plus de dividendes, c’est quelque chose qu’on devrait apprendre à l’école primaire. »

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :