• Face à la la bourgeoisie en "reconquête".


    Au nom de la soi-disant culture historique chrétienne qui aurait fondé la France, la nouvelle croisade de la réaction se focalise sur le communautarisme et l'identitarisme. En fait, la stratégie développée est un cheval de Troie destiné à refouler les antagonismes entre la classe des exploiteurs et celle des exploités, et à nier toutes les réalités de la lutte des classes.


    En effet, nous assistons à une lutte acharnée, par l'utilisation de boucs émissaires, pour évacuer des esprits, toute possibilité et toutes formes de direction de la classe et de la masse exploitées. La réaction entend ainsi imposer sa doctrine historique depuis la révolution, qui permit à la bourgeoisie de s'emparer du pouvoir, qu'est le lissage trompeur de l’égalisation de la politique politique et sociale: le droit et le devoir, le respect et la compassion, les valeurs, les patrons et les employés, les entrepreneurs... Cette lutte acharnée vise aussi à ridiculiser toutes les idées de rupture avec le capitalisme afin qu'elles suscitent des "éclats de rire généralisé" et à faire considérer le marxisme comme une conception archaïque, non compatible avec les réalités économiques et sociales de la société moderne.


    La bourgeoisie est naturellement haineuse, elle impose donc sa résistance à une conception politique qui détruira ses privilèges et ses intérêts. Il faut ainsi comprendre, qu'en se focalisant sur le communautarisme et l'identitarisme, elle impose à la plus grande masse la négation des conquêtes arrachées pied à pied par les combats de la classe ouvrière. La bourgeoisie, via ses leurres, est à la reconquête des positions perdues grâce à la détermination et face à l'unité de la classe ouvrière. D’où le slogan de campagne des néo-nazis dans cette campagne présidentielle.
    Les sous fifres de la bourgeoisie, les intellectuels néoconservateurs, les piliers de médias... travaillent chaque jour, chaque heure, chaque minute, à bafouer toutes les idées révolutionnaires et même pré-révolutionnaires. Leur tactique est de créer le fatalisme et le sentiment qu'aucune autre issue que le capitalisme n'est possible. Ceci permet l'acceptation forcée et l'articulation de la pensée au travers de critères sémantiques, tels que la productivité, la créativité, la responsabilité individuelle et collective, la compétition, l'identité même du travailleur devenu un "collaborateur" au travers d'une novlangue... mais aussi l'utilisation d'exégénes théologiques pour freiner les ardeurs. Prenons cet exemple concret: celui de institutionnalisation de la mentalité "autogestionnaire", au travers de l'auto-entreprenariat et de l’uberisation d'une partie de la société... il s'agit de diluer la pensée scientifique du socialisme marxiste pour mettre en avant l'individualisme caché de ceux qui osent, considérés comme des exemples, puisque le capitalisme les rend possible.


    Aussi, face à cette croisade et à cette reconquête de la bourgeoisie et du capital, puissants malgré l'anarchisme de son modèle politique, il n'est plus possible d'opposer un système imaginaire et utopique. La mission est impossible sans tenir compte du moment historique, des réalités matérielles, et des rapports de force. En effet, la pensée politique tout comme l'économie, ne sont pas des pièces de meccano qu'on assemble à sa guise. Accepter cette tambouille politicienne, serait tomber dans l'anarchie productiviste du mercantilisme, celle qui crée et détruit à son gré les forces productives et sociales en asphyxiant les uns au profit du maintien hors de l'eau des autres.


    Aussi quand le gouvernement entend redonner toute sa place à la société civile en supprimant le corps de formation des cadres de l’État tel que l'ENA, il encourage le marché et l'entreprise privée. Il détricote l’État au profit des rapports sociaux capitalistes et laisse ainsi l'anarchie s'imposer sans limite, en toute négation des luttes exacerbées entre factions de la bourgeoisie. L’État ne débarrasse ainsi des contradictions entre le capital et le travail qui amènent inéluctablement au moins disant social. Le gouvernement accepte ainsi la soumission inconsciente des masses au courant dominant et la domination de quelques groupes d'individus sur cette masse. Ce qui démontre objectivement que la démocratie bourgeoise n'est jamais rassurée, et qu'en restant le cheval de bataille du capitalisme, elle a beaucoup de mal à gérer socialement et économiquement les périodes de dépérissement et de recul liées aux chocs des crises systémiques. Pour préserver les intérêts capitalistes et son dogme libéral, la démocratie bourgeoise est en capacité de s'autodétruire, quitte à le faire au seul bénéfice politique d'une de ses factions, voire se mettre sous la tutelle d'une autre puissance. Par crainte de perdre la partie, la démocratie bourgeoise saura faire éclater les cadres républicains et nationaux afin de saper toute possibilité de représentation et d’organisation des exploités en lutte. Elle saura saccager pour détruire toute résistance et exacerber les violences qui amènent au recours de la répression contre des "goujats menaçants" (pour reprendre l'expression de Lénine) par son bras armé fasciste politico-militaire.


    Quand un peuple sans boussole se trouve désorienté, la situation exige donc qu'émerge une représentation politique de la masse exploitée. Aujourd'hui, l'aiguille de la boussole est aimantée par le pôle capitaliste qui navigue à vue. Il fait sa loi et ses lois. Il insiste sur sa conception du monde selon St Kapital pour mater toutes contestations mais aussi toutes formes de compréhension des contradictions entre capital et travail. Nous, peuple travailleur, sommes tiraillés entre les contradictions de l'anarchie de la production et l'anarchie d'une représentation multiple et multiforme des instances politiques qui divisent les travailleurs au point de les désorienter.


    Les positions isolées, les guerres intestines, les utopies et sectarisme...montrent autant cet anarchisme que les rivalités intra bourgeoises... des stratégies incertaines et dangereuses qui pourraient nous mener au fascisme.  


    Ainsi deux solutions s'offrent à notre classe:


        1° Se centrer sur la lutte à l'intérieur des rouages de l'appareil d’État bourgeois en préservant les camps et les cadres de la République.
      

     2° Manifester prioritairement une expression indépendante par l'extérieur de ces appareils.

    Soit les deux pieds dedans soit les deux pieds dedans, c'est à dire le choix net de son camp.


    Si la première solution peut permettre de contrarier le bon fonctionnement des rouages économiques et politiques, elle ne permet pas de faire clairement apparaître les visées politiques propre à la classe des travailleurs, ni entraîner à sa suite de larges pans de la population livrée aux diktats capitalistes et libéraux.


    La deuxième solution aura comme effet sur un terme long, de faire apparaître de façons indépendantes des institutions conventionnelles de la politique, les visées naturelles et historiques de la classe ouvrière, en dévoilant pas à pas la nature des antagonismes qui opposent les classes, mais aussi le risque fasciste. Certes, cette solution n'est ni la voie royale ni la voie express, compte tenu des conditions de luttes... mais à termes elle unifiera les combats isolés pour les élargir à toute la société en tenant compte des réalités concrètes et des situations concrètes.


    La classe ouvrière (terme aujourd'hui sous employé) s'affirme toujours par la compréhension des antagonismes qui les opposent à la classe capitaliste et à l’État bourgeois, d'où l'intérêt de restituer toutes les contradictions avec des positions fermes qui permettent de lutter contre l'individualisme et le fatalisme.


    Aussi, si elles restent importantes, les querelles à l'intérieur des forteresses seront emportées par la détermination d'une classe en lutte pour elle-même et qui saura pour qui et contre quoi elle lutte.


    De la difficulté de la grève à la construction d'une cohésion d'une classe en mouvement.


    Cesser le travail pour des revendications liées aux conditions de travail ou de salaire, s'accompagne d'une perte importante de la rémunération du travail. Ainsi, l'argent constitue-t-il une dimension cruciale de la confrontation entre patronat et travailleurs. La grande majorité des travailleurs vivent sur le fil du rasoir, et une pénurie d'argent devient impossible dans la plupart des familles. Et quand vient la grève, l'inquiétude survient après l'euphorie des premiers jours, l'indigence menace et l'anxiété monte. Aussi, une journée de grève reste possible, mais plusieurs représentent un danger réel de paupérisation pour des millions de familles. Et une journée de grève est rarement insuffisante, trop courte pour obtenir, d'où l'acceptation fataliste des conditions imposées par le patronat. A ceci s'ajoutent la carence syndicale et ses divisions opportunistes, la répression abusive malgré le droit constitutionnel, mais aussi les oppositions entre salariés eux-mêmes qui montrent le manque de cohésion idéologique et de solidarité au sein d'une même classe sociale.  


    Ces sujets essentiels sont rarement abordés même si la grève produit des solidarités et de la cohésion dans les groupes en lutte. Mais comment survivre dans la grève quand le salaire n'arrive plus à la banque, quand les prélèvements automatiques, devenus une arme anti-grève, continuent en contribuant à l'appauvrissement ? Comment est la vie en dehors du piquet de grève, des réunions et des manifestations, c'est à dire dans la sphère privée ? Comment éviter, même provisoirement, les expériences de la pauvreté et du dénuement, et comment les supporter ? Comment vivent les grévistes après la grève ?


    Voilà des problématiques souvent ignorés ou mises de côté en amont des grèves. Quel que soit le moment, quelle que soit la situation des conditions de travail et d'exploitation, les salariés sont donc contraints de prendre ces réalités en compte. Ils savent très bien qu'il y aura très peu de palliatifs aux pertes qu'incombe la mise en grève. De plus, rien ne garantit que leur grève sera assez gagnante pour palier à ces pertes dans la durée, en sachant que les grèves secourues n'existent plus.  


    On peut réussir les grèves, réussir pendant plusieurs mois à mobiliser dans des manifestations de masse, et même à un moment donné, compte-tenus des réalités objectives du mouvement de masse intense, être persuadés que la victoire est au bout du chemin... et finir la tête basse... Ce qui fût le cas en 2010, en opposition à la réforme des retraites Sarkozy-Fillon... un gâchis lié à l'abandon des hautes instances syndicales dont la seule réponse fût: " nous avons gagné la bataille des idées!" On constate toutes et tous aujourd'hui à quel point cette réponse était un signe, soit de leur faiblesse intellectuelle soit de leur peur face à un énorme mouvement d'une masse en lutte, et à quel point cette défaite fût dévastatrice pour les consciences et la cohésion de notre classe qui subjectivement avait considéré le moment opportun.


    Actuellement, l'insuffisance des grèves offensives pour les revendications est liée à la fois à un manque de perspectives et à une situation politique dévastée. Mais on ne peut nier les craintes de la répression antisyndicale et de la poursuite judiciaire. Il faut aussi ajouter à ce contexte des armes nouvelles mises en place par le patronat, les primes à la performance, les primes d'assiduité, les participations aux bénéfices, les bonus de carrière... Et bien sûr les endettements, la peur de la précarisation voire de la re-prolétarisation, et la crainte perpétuelle de perdre son emploi. Il y a aussi la réforme du Code du Travail, celle des prud'hommes, celle des instances de représentation du personnel avec la suppression des délégués du personnel et des comités d'hygiène, de conditions de travail et de sécurité...


    Si la grève peut créer des contradictions et des oppositions, voire fabriquer des tensions en bousculant la vie privée du quotidien, elle incite à la construction du mouvement des luttes. La pratique s'appuie sur la théorie, qui s'appuie elle-même sur la pratique au fur et à mesure des temps de grève et de leur durée. La gestion collective de la lutte, les décisions, les moments forts s'organisent et se développent pour renforcer le groupe et cimenter les positions, en tenant toujours compte du réel et de l'expression collective. Des préparations de repas aux organisations des réunions, des manifestations aux tours de "garde", de la communication à la gestion du matériel... à chacun sa tâche selon ses moyens et ses capacités; chacun doit avoir conscience de son importance dans le groupe afin d'éviter l'isolement et ainsi développer la confiance mutuelle, pour renforcer le moral et la préservation de la solidarité...


    Aussi, tout ceci part d'une organisation en amont et du rôle des délégués avec ou sans mandat électif. La propagande et l'expression syndicale jouent un rôle décisif pour préparer les esprits à la lutte en partant des réalités subies par les travailleurs.


    La création des réseaux sociaux a eu pour effet d'exercer l'expression syndicale via le net et son aspect virtuel. Mais face à la simplicité d'un clic, quoi de plus efficace que la diffusion régulière du tract papier et du journal syndical, la mise à jour de l'affichage... et la tournée des délégués... qui permettent la visibilité, la discussion en face à face, l'explication terre à terre et l'écoute des problèmes autant au travail que dans la vie...


    La mise en mouvement et la mise en action de la cohésion passent par le retour aux bases fondamentales et aux méthodes de classe, pour ne pas risquer l'effondrement, ce qui serait au grand bonheur du patronat.   


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